Les mécaniques subtiles de la communication positive

 

La communication positive est une formidable source d’énergie pour soi et pour les autres.

 

de Patricia Vanaria • 02.12.2016

 

 

 

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«Nous générons des spirales relationnelles vertueuses: notre enthousiasme crée de la motivation, notre sérénité et notre centration occasionnent de la confiance, notre détermination produit de la coopération et nos mots en congruence avec nos actes génèrent de la cohérence.» Patricia Vanaria / iStockphoto

 

Partant du postulat que l’être humain est énergétiquement connecté à lui-même et à son environnement, ce qu’il pense et comment il pense – ressent – agit et communique, verbalement ou non, a un impact immédiat sur lui-même et sur le monde. Lorsque nous considérons notre environnement comme un terrain de jeu vivant et mobile, que nous sommes persuadés que notre force de vie est créatrice et contributive et que nous envisageons notre interlocuteur comme un partenaire de croissance, nous produisons une spirale vertueuse d’énergie positive de présent, de mouvement, d’évolution et de responsabilité: nous pouvons changer le monde rien qu’en l’observant.

 

Notre besoin de tabler sur des certitudes nous fait parfois préférer des perceptions plus figées et nous relie à ce qui nous semble sûr et solide. Malheureusement, plus nous comptons sur les évidences, plus nous rétrécissons notre espace intérieur et moins nous disposons d’énergie vive. Se figer dans la peur et dans le contrôle nous empêche de cultiver l’art des possibles. Nous repoussons souvent ce qui n’est pas conforme à l’idée que nous avons de nous-mêmes. Nous nous arrêtons alors au connu, à la stabilité, aux «pourquoi», aux lacunes, et les assortissons souvent de sévères jugements de valeur. Nous avons dès lors le choix de rester otage de notre vécu ou d’écrire, pour soi et avec les autres, notre histoire en marchant.

 

Se connecter à son espace intérieur

 

La première communication est celle que nous entretenons avec nous-mêmes. J’encourage mes clients à prendre le temps de se connecter à leur espace intérieur et à se centrer régulièrement tout au long de leur journée. Etre conjointement relié à soi, à son environnement et au futur naissant, faire évoluer l’idée qu’on a de soi, faire taire le bruit de son propre jugement, s’ancrer, se recharger, sourire et respirer. Qui suis-je, que suis- je en devenir? Que vais-je activer, créer, générer pour moi, avec l’autre et dans mon environnement?

 

Cette «écologie personnelle» nous permet d’accueillir le monde tel qu’il est plutôt que tel qu’on se le représente et de voir distinctement ce sur quoi nous avons réellement prise, à quel moment et dans quelles circonstances. Ainsi, plutôt que de penser critiques, plaintes et plans sur la comète, nous allons rester alignés, disposer d’énergies et poser des actes en acceptant le doute pour avancer. Ce que nous sommes «est» comment nous agissons et interagissons.

 

Enrichir les interactions

 

Notre énergie positive nous rend présents dans nos relations, souples dans nos représentations et déterminés dans nos choix. Nous avons confiance en nous et en les autres pour gérer les situations qui se présentent. Nous générons des spirales relationnelles vertueuses: notre enthousiasme crée de la motivation, notre sérénité et notre centration occasionnent de la confiance, notre détermination produit de la coopération et nos mots en congruence avec nos actes génèrent de la cohérence. Nous sommes des personnes en croissance qui favorisent le développement de l’autre par le respect de ses représentations et par la confrontation bienveillante. Nous proposons des pistes d’amélioration sous forme d’hypothèses et les formulons avec des précautions oratoires, ce qui encourage la confiance et le sentiment de sécurité de nos partenaires.

 

Culture d’entreprise et communication positive

 

Les systèmes de plus en plus complexes nous contraignent à devenir des polyglottes de l’humain, de l’entreprise et de l’environnement: nous devons comprendre les différents acteurs et enjeux, activer les justes leviers et encourager les parties en présence à agir ensemble. Voici quelques points qui méritent d’être garantis à cette fin: un projet d’entreprise enthousiasmant, des objectifs concrets, des valeurs incarnées et vécues par tous, des managers au service de la mise en puissance du système et des individus, des normes et des marges de manœuvre explicites, l’aménagement d’espaces de parole pour accepter la diversité, des synergies permettant l’émergence d’alliances relationnelles solides, des rencontres interfonctionnelles et interhiérarchiques pour travailler sur la croissance et l’innovation.

 

Quand l’autre m’ouvre à de nouveaux possibles

 

«Lorsque nous nous trouvons dans un congrès avec 12 représentants de nations aussi différentes les unes que les autres, nous avons tendance à faire preuve d’ouverture à l’autre». Notre lecture (le sens donné) consent à l’autre ses différences. 12 personnes de la même région, de la même entreprise, autour d’une table, et voilà que cette ouverture à la différence disparaît presque instantanément, comme si chacun avait peur d’être contaminé par l’autre et de se perdre.

 

Un team est avant tout un lieu d’appartenance et de soutien, au sein duquel chacun est une ressource reconnue, avec une configuration qui permet d’agir ensemble au lieu de penser les uns contre les autres. Fini les ordres du jour stériles, les communications axées sur les problèmes et les écarts, les débats sans fin, les luttes de pouvoir, bref... le bruit.

 

Souvent, lors des séances, les interlocuteurs sont en désaccord et le ton monte. Posons-nous la question suivante: «Est-ce que sur ce thème précis, nous devons impérativement être d’accord?» La plupart du temps la réponse est «non». Sur quoi devons-nous être d’accord et sur quoi avons-nous le droit d’être différents? Pour «quoi» sommes-nous réellement prêts à investir de l’énergie – ici on ne répare pas, on crée! Lorsque le collectif communique positivement, il est un véritable incubateur de force et de courage.

 

Le manager sert et nourrit la communication positive«Si je visionnais un film sur le thème du «management» avec un acteur qui imite très exactement mes comportements, dirais-je que ce sont des comportements générateurs de croissance, de confiance, d’énergie, de conviction et de satisfaction?» La qualité relationnelle qu’entretiennent les membres de l’encadrement entre eux résonne silencieusement dans toute l’entreprise et, étonnamment ou non, plus on «monte» en hiérarchie et moins les individus prennent le temps de se parler. Ils aménagent parfois des journées «au vert» pour prendre de la hauteur, mais cultivent moins consciemment leur rôle clé dans la communication positive au quotidien. Des managers alignés et confiants, clairs dans leurs intentions, solidaires et fédérateurs dans leurs actions, et exemplaires dans leurs interactions contribueront sans aucun doute à rendre crédible le concept de communication positive au sein de leur entreprise.

 

Le rôle des RH

 

Les membres RH, en plus de l’exemplarité dont ils font preuve en la matière, mettent en place les conditions cadres à l’émergence d’une culture de communication positive. Les processus actuels sont-ils contributifs? Les indicateurs comportementaux ad hoc sont-ils connus, encouragés, évalués? Les compétences personnelles, sociales et managériales sont-elles développées dans ce sens? Disposez-vous en qualité de RH d’une voix suffisante pour vous faire entendre? Avez-vous développé des compétences d’accompagnement individuel et collectif ? Peut-être avez-vous déjà mis en place des structures d’apprentissages favorisantes tels que des échanges de pratiques, pour vous et pour les managers?

 

Conclusion

 

Communication positive, confiance et énergie se renforcent lorsqu’elles sont vivantes et vécues au sein de l’entreprise. Je vais mieux communiquer si mon dialogue interne est honnête et que je m’intéresse réellement à l’autre au-delà de ce que je désire qu’il dise ou fasse, que ce soit en termes de valeurs ou de résultats. Je vais assumer plus volontiers des responsabilités si j’ai une assise solide individuellement et collectivement en tant que personne et en tant que professionnel(le) et suis capable de mesurer et de vivre sans heurts l’écart entre valeurs personnelles et valeurs de l’entreprise. Je vais m’investir davantage si je sais prendre le recul nécessaire, demander de l’aide et répondre au «comment» au lieu de me perdre dans le «pourquoi».