Savoir prendre un temps d’arrêt  pour se recentrer

                        



Comme plusieurs d’entre vous, qui êtes parents, j’assume avec joie une part de ma mission de père en assistant aux matchs de soccer, de basketball ou de football de mes fils. Je quitte le bureau à toute vitesse, j’attrape au vol un de mes garçons et trois de ses coéquipiers, et nous fonçons au parc.

Je suis un vrai fan! OK, je ne saisis pas toujours toutes les subtilités du jeu ou des pénalités, mais, au moins, je fais semblant de comprendre. Je suis debout dans les gradins. Je crie. Et j’apprends.

 

C’est à l’occasion d’un des premiers matchs de basketball auxquels j’assistais que j’ai véritablement compris la signification et l’étonnant pouvoir du time out. Imaginez, vers la fin du match, l’équipe joue de façon décousue, quasi imprévisible.  J’ai beau ne pas tout comprendre, je réalise quand même que rien ne va plus !  Chaque équipier semble jouer seul. Plus de passes, plus de stratégie commune, plus de complicité. Bref, plus d’équipe. Comme si la couleur des chandails s’était effacée. Les adversaires gagnent du terrain.  Soudain, devant des regards surpris et déçus, un cri se fait entendre : «Time out!»

 

Pendant ce moment dont je ne saisis pas toute l’importance, j’engage la conversation avec d’autres parents sans me rendre compte que le jeu a repris. Et là, je suis renversé ! C’est comme si une nouvelle équipe s’était emparée du terrain. La complicité est revenue, une volonté commune et une énergie renouvelée émanent du groupe. Un panier, deux paniers… Yessss ! Mais que s’est-il passé ?

 

Après avoir célébré la victoire, j’ai passé un coup de fil à mon amie Danièle Sauvageau, ex-entraîneuse de l’équipe olympique de hockey féminin, aujourd’hui conseillère et

conférencière en coaching exécutif et sportif, et lui ai demandé comment je pouvais transposer cet enseignement dans ma vie professionnelle.

 

«Le time out permet d’abord de se calmer et de se recentrer, explique Danièle. Grâce à lui, on remet le jeu en contexte, on observe la réalité telle qu’elle est. Par exemple, si on perd par un point ou si un des joueurs est épuisé, on révise le plan de match. Puis on réajuste le tir ou on maintient le cap. Le time out permet à chacun de revenir dans ses baskets.»

 

Dans l’euphorie du jeu, la force de l’ego nous éloigne parfois de nos rôles, de la cible ou du bien commun de l’équipe. Il faut saisir l’occasion qu’offrent les temps d’arrêt et oublier les grandes leçons qui préconisent de les garder pour les derniers instants du match.

 

« Nous devons écouter notre gut feeling et saisir le bon moment pour revenir ensemble sur le terrain», conclut-elle.

                    

Depuis, j’observe davantage la dynamique des équipes que j’accompagne. Et je marque volontiers un temps d’arrêt dans le feu de l’action. Cela peut prendre la forme d’un cri

de ralliement dans une aire ouverte de l’entreprise; une heure dans un comité de direction pour se demander comment ça va et échanger des idées « pas seulement professionnelles»; un colloque ou un rassemblement pour l’ensemble des employés ; un lac-à-l’épaule pour les cadres ; une pause pour écouter un collègue qui n’a pas l’air

d’aller… Autant d’occasions où l’on peut dire: «Time out!»

 

Ralentir le rythme est toujours bénéfique. Oui, je sais, ralentir vous semble difficile. Mais avez-vous seulement tenté l’expérience ? Il n’y a pas de limite de time out au sein de votre organisation. Prenez le temps qu’il faut afin de revenir au jeu plus centré et énergisé. Et admirez les résultats.

 

Il faut saisir l’occasion qu’offrent les temps d’arrêt et oublier les grandes leçons qui préconisent de les garder pour les derniers instants du match.

 

Rémi