Santé : qu’attendons-nous pour développer le sport en entreprise ?

 

LE PLUS. De nombreuses études scientifiques démontrent que la pratique d'une activité physique influe sur notre productivité. Magali Tézenas du Montcel, déléguée générale de Sporsora, a participé à la rédaction du Rapport préparatoire de la Commission prévention, sport et santé, remis en 2008. Elle appelle les entreprises à encourager ce type d'activités.

Édité par Sébastien Billard 

 

 

Semi-marathon de New-York, le 18/08/2012 (S.Wenig/SIPA).

 

L’absentéisme en Europe est évalué entre 4 et 5%, chaque point coûtant l’équivalent en masse salariale. Or, les individus peuvent influencer les déterminants de santé qui dépendent pour moitié des habitudes de vie : 20% sont d’origine génétique, 10% dépendent de l’accès au soin et 20% de l’environnement.

Lorsque l’individu est placé dans un cadre tel que l’entreprise, les conditions sont améliorées car celle-ci informera, stimulera de façon régulière, concrète et personnalisée l’individu, ce qui est un facteur-clé de succès des changements de comportement. Il est par ailleurs de la responsabilité de l’entreprise de veiller à la bonne santé de ses salariés. 

 

Impliquer les entreprises

 

La pratique d’une activité physique et sportive (APS) n’est certainement pas la clé de tous les maux, mais de nombreuses études scientifiques démontrent son efficacité. Un salarié actif sera ainsi 12% plus productif qu’un salarié sédentaire. Éliminer un des facteurs de risque (tabac, sédentarité, surpoids, etc.) permet de gagner 9% de productivité et de réduire de 2% l’absentéisme. Le programme "Ma santé je m’en occupe", développé au Québec, a démontré un retour sur investissement de 1,5 à 3 dollars pour 1 dollar investi après 3 ans

Le fait que l’entreprise soit impliquée dans des programmes de santé a aussi un impact positif sur son image et son attractivité auprès des jeunes talents. La pratique d’APS peut enfin influencer positivement le climat social, créer des liens inexistants et ainsi stimuler la créativité et l’engagement des collaborateurs.

Le sujet des APS en milieu du travail fait l’objet de recommandations au niveau européen et mondial. Parmi celles de l’OMS, on retiendra la définition d’objectifs clairs ; le lien avec les objectifs stratégiques ou tactiques de l’entreprise ; l’implication du management, des différentes parties prenantes et des employés à tous les stades du programme ; la communication systématique et ciblée ; la création d’un environnement favorable ; l’adaptation du programme aux normes sociales ; l’utilisation de mesures d’incitation auprès des employés et enfin l’évaluation des programmes.

 

Le sport, un levier trop longtemps négligé 

 

L’activité physique est pourtant trop souvent absente des représentations du mieux-être au travail, bien qu’il existe quelques démarches pionnières. Nous devons encore aujourd’hui passer d’une politique essentiellement axée sur la prévention du risque à une démarche de santé/bien-être. Il peut s’agir d’opérations très simples à mettre en place, par des grandes (mais aussi des petites) entreprises et avec un bon "retour sur investissement" sur le capital premier que sont les collaborateurs. Des programmes très complets sont ainsi mis en place avec succès par de nombreuses entreprises.

La citoyenneté d’une entreprise passe, entre autres, par la "santé durable" de ses clients et de ses employés. Avec le milieu scolaire, elle est sans aucun doute le microcosme le plus adéquat pour mettre en place des politiques efficaces susceptibles de faire face aux enjeux de santé publique dans un contexte où la productivité prime. Quant on sait que les lieux professionnels regroupent plus de 60% de la population mondiale, on perçoit la puissance de ce levier.

 

 

Par Magali Tézenas du Montcel
Déléguée générale de Sporsora