Julien a eu un malaise vagal, ça fait partie du métier. Sonia passe son temps à s’arracher des bouts de peau sur les doigts, ce n’est rien. David se gratte les sourcils rongés par l’eczéma, pas de quoi appeler l’inspection du travail. Stéphane grince des dents comme un hamster et vient de faire un ulcère, c’est déjà plus lourd. Un cadre d’IBM se noie dans sa baignoire… Bon j’arrête.
Non vraiment il n’y a pas de limites au stress “positif”…
Extrait de “l’Open Space m’a tuer” de Alexandre Des Isnards et Thomas Zuber
Une enquête publiée dans l’Express et menée avec le cabinet Sysman, spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux, montre que du côté des responsables des ressources humaines, près de 9 sur 10 (87,2%) ont été confrontés dans l’année à un stress de leurs salariés et près de 7 sur 10 (69%) jugent que la situation s’est dégradée ces trois dernières années. En cas de stress professionnel, les salariés grignotent (44%), font du sport (30%), sortent (29%), font du shopping (22%), fument davantage (22%) ou boivent plus (19%)…
La prise de conscience est lente, les textes de lois sont votés, les entreprises s’organisent autour des “risques psychosociaux” mais finalement les burn-outs perdurent et leurs issues tragiques alors qu’il existe des possibilités pour les éviter…
Qu’est-ce qu’un burn-out ?
Le burnout est un phénomène d’épuisement professionnel, émotionnel et physique, résultant d’une trop longue exposition au
stress.
Les personnes en situation de burn-out se consument de l’intérieur doucement jusqu’au jour où elles explosent, elles tombent malades, elles “quittent tout”, elles ont un accident ou se
suicident…
Il touche particulièrement les personnes ayant des très fortes responsabilités ou des objectifs majeurs, mais aussi celles dont la profession nécessite un haut niveau d’engagement émotionnel ou intellectuel. Plus généralement, plus les attentes développées par la personne vis à vis de son activité professionnelle sont élevées, plus les risques de confondre estime de soi et réalisation professionnelle sont importants et plus la possibilité de burn out s’élève. Le manque de signes de reconnaissance et la difficulté à dire “non”, sont des facteurs aggravant du burn-out.
Le burn-out est un piège dans lequel la personne mélange son identité et celle de son entreprise en quelque sorte. L’appropriation des projets d’entreprise est extrême et il n’y a plus de conscience du reste de la structure, de la réalité des risques et des ressources…
Toute la réflexion et les ressources de la personnes sont consacrées au sujet d’entreprise d’une manière obsessionnelle. L’implication est extrême, il n’y a plus de prise de recul et un désintérêt pour les autres zones de la vie (familiale, sociale, loisirs…). Ceci est amplifié par les modes de travail actuels permettant à la personne de travailler n’importe où et à n’importe quelle heure, et qui rendent encore plus perméable la limite entre vie professionnelle et personnelle et plus difficile la fixation de limites.
L’énergie est perçue comme inépuisable par la personne, elle ne fait pas de pause, ne prend plus de temps pour elle, pour se ressourcer. Ce qui la conduit à l’épuisement physique comme psychologique.
La personne est alors prête à prendre tous les risques possibles pour que son projet professionnelle soit parfait et aboutisse quitte à faire des fautes professionnelles ou à s’attirer les foudres de ses collègues par un comportement agressif.
Puis, isolée et exténuée elle aura l’impression de ne plus satisfaire aux attentes professionnelles, de ne plus être adéquat, à sa place, de ne plus pouvoir y arriver, de ne pas être à la hauteur… Elle entre dans le cercle vicieux : baisse de l’estime de soi, manque de confiance en soi, attitudes négatives et réalisations professionnelles diminuées.
Comment identifier un burn out ?
Précédemment je vous ai présenté l’état de méconnaissance dans lequel est la personne candidate au burn-out. Il lui sera donc difficile sans l’intervention d’autrui de reprendre contact avec la réalité de sa responsabilité professionnelle, de ses ressources, de son identité…
Néanmoins pour identifier les signes d’un burn-out voici quelques alertes qui ne trompent pas :
somatisations plus ou moins graves, qui nécessitent un suivi médical : insomnies, somnolence, perte d’appétit, amaigrissement, diarrhées, ulcères, fatigue, palpitations, respirations courtes, maux de dos, douleurs musculaires…
psychologiques : Perte d’intérêt, d’envie, de créativité, d’humour, découragement, de concentration, de mémoire,
émotionnelles : irritabilité, cynisme, accès de colère ou de tristesse inhabituels, perte de confiance en soi, doute. Et les bien connus : stress, angoisse ou anxiété,
Bon à savoir : Le Maslash Burnout Inventory’s (MBI) est un test permettant d’évaluer sa situation vis à vis du burn-out.
Comment intervenir?
Souvent la personne attend l’appel au secours de son corps pour agir. Les symptômes physiques l’ont donc conduit la personne à être suivie par un médecin et arrêtée. La reconstruction démarre alors. Elle peut être un processus long et l’accompagnement de la personne ayant fait un burn-out est fondamentale pour que celle-ci se reconstruise.
L’accompagnement au travers du coaching est un bon moyen de mettre en lumière les méconnaissances qui conduisent au burn-out mais aussi de lacher la pression, d’exprimer ses émotions, de prendre soin de soi et de prendre le temps (de la réflexion, de ressentir ses émotions et ses besoins, ses envies avant de passer à l’action).
Le cadre du coaching est un élément rassurant qui permet à la personne de faire le point sur sa vision de vie, ses envies (littéralement détruites par le burnout), de redonner du sens à sa vie sans culpabiliser, en étant encouragée et accompagnée.
Puis, action après action, les nouvelles pratiques positives pour la personne s’ancrent et remplacent les mécanismes de pensées ayant conduit au burn-out. La personne apprend à piloter son équilibre entre vie personnelle et professionnelle, à prendre soin d’elle, à manager efficacement en s’appuyant sur toutes les ressources de l’entreprise, en déléguant …
Comment éviter le burn-out ?
Connaître ses limites et mauvaises habitudes pour agir en prévention est la meilleure approche.
Voici quelques pistes à explorer pour mettre toutes les chances de son côté :
faire le point sur sa vision de vie et ses valeurs
être vigilant sur son équilibre de vie
prendre le temps de vivre
se fixer des objectifs et faire régulièrement le point
connaitre ses mécanismes de sabotage et les bloquer
être à l’écoute de ses émotions
apprendre à dire “non” et savoir dire “oui”
prendre soin de soi et de son corps (sommeil, alimentation, sport, hygiène de vie, pauses, et pourquoi pas yoga…)
accepter de ne pas être parfait
se remercier de ses réalisations et accepter les remerciements d’autrui
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