Non-verbal qui parle fort!


Communication non-verbale, communication verbale, langage verbal

 

Note : Cette chronique invitée a été écrite par Réjean Labelle, dans laquelle il nous présente les composantes importantes de la communication non verbale. (Extrait tiré du livre de Réjean publié aux Éditions Le Dauphin Blanc).

  

On dit beaucoup plus que ce que l’on croit dire! La communication verbale (les mots et la langue parlée) ainsi que la communication para verbale (le ton, la voix, les pauses, le débit) ne révèlent souvent qu’une partie de ce que l’on pense véritablement. En effet, la gestuelle, la posture, la distance entre deux ou plusieurs individus, les mimiques, la façon de se vêtir, les bijoux et les attitudes corporelles livrent beaucoup de messages pour qui sait lire cette dimension. Voila ce que nous appelons la communication non verbale qui d’ailleurs est souvent celle qui est la plus authentique.

 

Tout à fait, car le corps réagit constamment à des pulsions et impulsions et révèle alors des secrets et des états d’âme que nous préférerions bien souvent dissimuler. Le corps a beaucoup de difficulté à mentir et s’il ment, il s’oubliera tôt ou tard pour ainsi laisser paraître la véritable nature des pensées non formulées. Contrairement au langage verbal qui filtre et organise l’information, le langage non verbal parle habituellement de façon désorganisée et sans filtres. Nous sommes des êtres d’émotions et d’électricité (environ12 kilomètres de câblage électrique dans la colonne vertébrale) ce qui engendre des réactions physiologiques dans toute situation que nous jugeons importante.

 

Le cerveau étant le général en chef du corps, il doit diriger l’information, gérer les émotions et assurer la survie quotidienne peut importe la situation vécue. Nous générons, paraît-il, environ cinquante mille pensées par jour, c’est vous dire le trafic cérébral qui circule en tout sens à des vitesses folles sur des réseaux qui s’entrecroisent et se chevauchent. Alors, imaginez la quantité astronomique de messages et de signaux qui est envoyé en même temps lorsque l’esprit émotionnel et l’esprit rationnel ont une sérieuse discussion. Notre cerveau est donc concentré à effectuer une multitude de tâches très complexes et il oublie très souvent de contrôler l’aspect non verbal de nos communications.

 

Selon Albert Mehrabian de l’Université de Los Angeles, dans l’impact de notre message, les mots comptent pour 7%, la façon de dire compte pour 38% et notre non verbal compte pour 55% ! Sans être totalement d’accord avec ce monsieur, surtout en communication publique, je suis toutefois d’avis que notre gestuelle, nos expressions faciales et nos postures sont d’une importance capitale dans nos relations avec les autres.

Rappelez-vous cependant de toujours relier votre lecture du non-verbal à un contexte (paroles, voix, situation, moment précis, autres gestes) pour valider vos observations. De grâce, ne faites pas comme certains qui affirment qu’un geste précis est sans contredit (sans tenir compte de la conjoncture) la manifestation d’une émotion ou d’un sentiment précis. Tout dépend du contexte et du moment dans lequel ce geste est posé.

Par exemple, se croiser les bras n’est pas nécessairement une fermeture à la communication. Il faut surtout bien analyser comment et quand les bras se sont croisés. La dernière chose à faire est de sauter aux conclusions trop rapidement. Par exemple, plusieurs personnes sont portées à croiser les bras lorsqu’elles ont froid! Réflexe normal; le corps se referme pour garder la chaleur.

 

Par exemple, je suggère toujours aux intervieweurs lors de sessions d’embauche de se servir de la lecture du non verbal  comme outil pour valider ou invalider une impression. J’ai en mémoire un directeur général qui, en entrevue de sélection d’un candidat au poste de directeur des ventes, remarqua que le postulant s’était gratté le nez par trois fois lorsqu’il l’avait spécifiquement questionné sur ses références. Sans tirer de conclusions hâtives, le gestionnaire décida tout de même de bien vérifier les supposées références du candidat et il s’avéra que la plupart étaient fausses! Le postulant avait menti et pourtant mis à part ces petites démangeaisons au nez, rien n’indiquait que c’était un menteur, bien au contraire, car il affichait une assurance des plus intéressantes.

Dans ce premier article nous nous arrêterons sur deux composantes importantes de la communication non verbale lors d’une rencontre professionnelle, soit le territoire et le champ de communication!

 

Le territoire ou la bulle

Le territoire c’est l’espace dans lequel se sent bien un individu. En langage populaire on dit « la bulle » d’une personne. Certaines gens ont besoin de plus d’espace et d’autres moins. Ce qui en fait détermine le territoire de quelqu’un, c’est souvent la réalité immédiate, c’est-à-dire le contexte du moment. On note trois grandeurs de territoires qu’il vaut mieux respecter surtout quand on connaît peu ou pas notre interlocuteur. D’abord, il y a le territoire intime qui correspond à une distance de 60cm ou moins de votre interlocuteur. Dans ce cercle, seul sont admis les intimes ou ceux et celles avec qui nous aimerions devenir intime. Vient ensuite le territoire personnel qui correspond à une distance variant entre 60cm et 80cm de votre vis-à-vis. C’est dans ce cercle que sont admis les amis et les connaissances avec qui nous nous sentons en confiance. Enfin, le territoire social correspond à une distance d’environ 80 à 140cm. C’est la distance idéale pour les relations d’affaires, c’est-à-dire ni trop près (intrusion) ni trop loin (exclusion). Bien sûr, chaque personne est différente et peut être plus ou moins à l’aise avec la promiscuité. C’est pour cette raison qu’en vous référant aux distances des territoires ci-haut énoncés, vous naviguerez en eau sûre. Rappelez-vous cependant que dans le doute, il vaut mieux être un peu plus loin qu’un peu trop proche.  Prenez le temps d’apprivoiser votre interlocuteur avant de l’approcher.

 

Le champ de communication (l’espace dans lequel se déroule la communication)

  

La communication face à face (2 personnes)

Les deux flèches A indiquent les deux personnes dans le champ de communication. Ces flèches sont significatives d’une communication désirée, qu’elle soit agréable ou non. La flèche B indique une réserve à la communication de l’interlocuteur de droite et la flèche C (angle du corps déporté vers l’extérieur du champ) indique une communication non désirée  de l’interlocuteur de droite donc une fermeture à l’échange.

 

La communication côte à côte (2 personnes)

Les deux flèches A indiquent les deux personnes dans le champ de communication. Ces flèches sont significatives d’une communication désirée, qu’elle soit agréable ou non. Les flèches B indiquent une réserve à la communication et les flèches C (angle du corps déporté vers l’extérieur du champ) indiquent une communication non désirée , donc une fermeture à l’échange.

 

La communication  tripartite (3 personnes)

Le dessin de gauche illustre une communication désirée des 3 personnes en cause. La pointes des flèches (angle des corps) sont dirigées les unes vers les autres. Le dessin de droite illustre une exclusion du champ de communication du numéro 3, bien que ce dernier désire entrer en rapport. Les numéros 1 et 2 lui indiquent clairement par la position de leurs corps qu’il n’est pas le bienvenu dans le champ de communication.

 

J’espère que ces informations vous seront utiles dans vos prochaines interactions  et souvenez-vous d’avoir l’œil « analytique », vous verrez certainement des choses que vous n’avez jamais observées auparavant!

Réjean Labelle

 

Au sujet de l’auteur

Réjean est détenteur d’un diplôme universitaire de premier cycle (BAC) en communication de l’Université du Québec et c’est un formateur agréé par Emploi-Québec. Ayant occupé des postes d’animateur radio, de journaliste et de directeur des ventes, il œuvre depuis plus de vingt cinq ans dans le domaine de la communication, du développement des affaires, de la motivation et de la gestion de personnes. Il est un générateur d’action et possède également un solide parcours de conférencier, d’intervenant et de formateur autant dans les organisations publiques que privées. Réjean est également chargé de cours à l’université Laval pour le cours Développer ses habiletés politiques dans le cadre du programme Gestion de changement dans les organisations. En novembre 2009, il publie le livre Le non verbal qui parle fort et un second livre en 2011, intitulé Les 5 choix qui déterminent notre vie  aux Éditions Quebecor. Un troisième livre est en écriture.