CV mon ennemi

Savoir se guider dans la recherche de son job est un art à la fois simple et compliqué. Comme toutes les choses importantes de la vie, cela n’est pas enseigné à l’école.

 

« La vie est la seule carrière qui m’intéresse ». Erik Orsenna

 

Rechercher un emploi est un art à la fois simple et compliqué

 

Comme toutes les choses importantes de la vie, cela n’est pas enseigné à l’école. Nous sommes tous des autodidactes en la matière. Pourtant certains réussissent mieux que d’autres. Ce livre  révèle les constantes identifiées chez eux dans leurs modes de pensée et  leurs façons d’agir. Vous  y trouverez des solutions aux déconvenues de la vie active ou à un licenciement. La réussite dans le monde du travail dépend de deux catégories de facteurs:
- ceux sur lesquels vous ne pouvez pas grand-chose : les événements dépendant  de l’Etat, le comportement des entreprises,  les  innovations technologiques, les réactions des  investisseurs, une crise internationale, des attentats, ou une catastrophe naturelle …  On doit avancer avec ces inconnues.
- ceux qui dépendent de vous et de vous seul : votre réaction aux événements, votre envie de vous battre, ce que vous voulez faire de votre       vie…
Ce qui vous arrive vient très souvent d’une idée erronée que vous vous  faite sur vous  ou sur votre existence, d’un manque d’envie ou d’une action inadaptée à la situation rencontrée.  Vous  pouvez  agir avec succès sur les leviers qui dépendent de vous. Au moment où vous lisez ces lignes, 3 millions de cadres ont un travail, et plus de 180.000 en cherchent un, sous le même code du travail, avec les mêmes gouvernants, les mêmes crises économiques, les mêmes mouvements de la Bourse… A vous de choisir votre camp.
Ce livre met en évidence  les conditions de votre réussite, tantôt des solutions atypiques et dérangeantes, tantôt des évidences et des portes ouvertes enfoncées, que vous avez oubliées, en tous cas des pratiques avérées qui donnent des résultats, avec la plus importante de toutes, celle de ne pas faire de curriculum vitae.

 

 

CV mon ennemi

La première réaction, quand vous perdez votre emploi, est de faire un CV, de poser votre candidature tous azimuts et de faire savoir à tout le monde que vous êtes disponible. Depuis des décennies c’est ainsi, et dans 90 % des cas cela ne marche pas. La raison est simple : la capacité à savoir faire un CV est inversement proportionnelle à la probabilité de trouver un emploi. Dans la majorité des cas, le CV ne vous sert à rien, si ce n’est à vous donner bonne conscience et à engraisser les brokers qui en font commerce. Le CV n’est pas prioritaire pour réussir. Au contraire, vous plonger dans sa rédaction vous  éloigne en grande partie des conditions à réunir impérativement pour quatre raisons essentielles :

 

Le CV parle du passé, alors qu’il s’agit d’avenir

Tout le monde est merveilleux sur un CV comme sur une épitaphe. « Que pensez-vous de mon CV ?».  Des milliers de candidats posent cette question avec émotion et inquiétude. La meilleure réponse vient de l’un d’entre eux : «  Entre nous, le CV, c’est mon passé, ce qui intéresse une entreprise c’est ce que je peux faire dans l’avenir avec elle. » Cette interrogation, à la fois quête d’amour narcissique et signe d’angoisse, est aussi ridicule que celle d’un homme qui demande à une femme qu’il veut séduire ce qu’elle pense de sa carte d’identité. Elle se moque de son état civil si par ailleurs elle ne ressent rien et s’il ne la fait pas rêver. Parmi plus d’1 million de CV lus, étudiés, analysés, pesés et comparés, je n’en ai jamais vu un qui dénigre son auteur. Rien ne sert d’en avoir un, bien écrit, bien structuré, sur du papier de qualité, ou formaté sur Acrobat, avec une photo couleurs montrant un sourire à peine forcé,  si dans votre comportement vous  agissez à contre-courant du succès. La capacité à savoir faire un CV est inversement proportionnelle à la probabilité de trouver un emploi. Le CV est une carrière arrêtée. Piloter votre recherche en vous référant en permanence à lui est aussi dangereux que de conduire votre voiture le nez sur le rétroviseur. Voir et comprendre le poste à venir  implique l’oubli des scories de votre curriculum.

 

Le CV est narcissique, alors que vous devez comprendre les autres

Le CV est un miroir qui vous focalise sur vous et vous empêche de vous ouvrir au monde. Sa rédaction « CV, dis-moi comme je suis beau ! » fait plaisir et vous conduit souvent à être éconduit. La France détient le record du nombre de personnes qui savent rédiger un CV, tout en comptant 200 000 cadres sans emploi. Le CV vous centre sur vous, au lieu de vous ouvrir aux autres, vous passez du temps à l’envoyer à des offres sur internet. Armé de CV, vous vous jetez dans la bataille des candidatures, la ruée vers l’emploi, vous investissez votre énergie dans des probabilités de réussite égales à celles de trouver les 7 numéros du Loto.

 

Le CV est statique, alors que vous devez être actif

Un candidat m’a fait cette remarque de bon sens : « Je n’ai pas de CV ! Pour moi, il n’y a que le chômeur qui en a un, ou celui qui est sur le départ ! Moi tout va bien, j’écoute ce qu’on me propose, si cela m’intéresse, il sera toujours temps d’en faire un ! » Une réaction que louent bon nombre de recruteurs qui en sont inondés. Ajouté à leur courrier reçu dans Outlook, il banalise votre candidature et la noie. Piège d’oisiveté, le CV vous donne la bonne conscience de faire votre devoir de candidat, et vous incite à ne rien faire d’autre, si ce n’est à attendre, convaincu d’avoir fait ce qu’il faut. Envoyé partout, votre CV devient votre ennemi.

 

Le CV inquiète, alors qu’il faut rassurer

Aujourd’hui le CV inquiète, c’est un mauvais souvenir ou une peur de l’avenir pour celui qui le reçoit. Tout le monde a été, est, ou sera sans emploi. Envoyé sous Word il lui rappelle ce qu’il a été ou ce qu’il risque de devenir ou de redevenir.  Celui qui recrute endure son propre stress, la pression de sa hiérarchie de pourvoir un poste sans titulaire qui coûte très cher. Il n’a pas droit à l’erreur, sinon son propre poste peut être remis en question. Votre CV envoyé devient un problème, coûte du temps et de l’argent pour être traité. Il vous transforme en demandeur, quémandeur, voire emmerdeur, alors que l’entreprise cherche un porteur d’avenir et de solutions. Certes, au moment où les choses vous échappent, le CV vous ramène à votre univers et vous rassure, pourtant, ce n’est pas le moment de passer du temps à sa rédaction. Vous devez vous concentrer à réunir les conditions indispensables pour être recrutable et recruté.