Le non-verbal qui parle fort! (la suite)

 

Communication non-verbale, communication verbale,

langage verbal, Réjean Labelle

 

 

Note : Cette chronique invitée a été écrite par Réjean Labelle, dans laquelle il nous présente les composantes importantes de la communication non verbale. (Extrait tiré du livre de Réjean publié aux Éditions Le Dauphin Blanc).  Elle fait suite également à la série sur le non verbal publiée.

  

Mise au point

Depuis de nombreuses années que je me spécialise dans la compréhension de la communication non verbale, je peux vous assurer que celle-ci n’explique pas tout! L’analyse du non-verbal n’est pas une science exacte comme les mathématiques, par exemple (n’en déplaise à certains). C’est plutôt une science d’interprétation et, comme toute interprétation peut être subjective, il faut en tenir compte dans nos résultats. La compréhension du non-verbal sert plutôt à donner une direction à nos actions et à nos interventions. Par exemple, si vous soupçonnez quelqu’un de dissimulation, poussez plus loin votre recherche pour voir s’il n’y a pas anguille sous roche. Dans une entrevue de vente, si votre lecture semble indiquer un désaccord de votre interlocuteur, questionnez ce dernier pour valider, dans un premier temps, s’il y a effectivement un désaccord et, par la suite, pour connaître les motifs de cette fermeture. Le décodage du non-verbal n’est donc pas une fin en soi, mais il est un élément dans le processus d’analyse que nous faisons d’une situation ou du discours d’une personne.

En terminant, certains m’ont demandé quelles étaient mes références ? Au fil des ans et de mes recherches, j’ai bien sûr lu beaucoup d’ouvrages avec lesquels souvent je ne suis qu’en partie d’accord. Cependant, deux auteurs m’ont fortement impressionnés, il s’agit de Paul Ekman et Desmond Morris.

J’aimerais ici également vous souligner que toutes les observations décrites dans cet article et contenues dans mon livre Le non-verbal qui parle fort, ont été testées avant que je vous les partage. J’ai donc fait des centaines d’heures d’observations et des laboratoires avant de prétendre à une signification possible d’un geste, d’une posture ou d’une expression.

 

Apprendre à observer

Comme indiqué dans le premier article sur le sujet, le corps a beaucoup de difficulté à ne pas s’exprimer. Il parle fort ou murmure des émotions, des vérités et des mensonges selon les circonstances.

Cependant, il faut se rappeler que nous ne nous exprimons pas tous de la même façon et avec les mêmes gestes. En effet, certains privilégient inconsciemment une communication non verbale de la région de la tête, d’autres de la région du haut du corps et d’autres de la région du bas du corps. Par exemple, en milieu de travail, un négociateur expérimenté sera très économe de ses gestes et réactions de la figure et du haut du corps mais oubliera assez fréquemment de contrôler la région du bas du corps (les jambes et les pieds). Si on peut se placer dans une position pour voir ceux-ci, on pourra être en mesure d’effectuer plusieurs lectures intéressantes nous révélant l’état d’esprit, les changements d’attitudes et les amorces de stratégies de cet interlocuteur. Toutefois, je suggère de jauger dans un premier temps l’ensemble des régions (tête, haut du corps et bas du corps) pour identifier laquelle parle le plus. On pourra par la suite porter une attention particulière à la région la plus bavarde car les séquences gestuelles risquent de se produire dans les zones à l’intérieur de celle-ci. Bien entendu, il faut continuer d’être attentif à tous les signaux provenant de l’ensemble du corps qui pourraient aussi être de précieux informateurs. Ce n’est pas parce qu’une région parle plus, que les autres deviennent totalement muettes. Dans cet article, nous allons faire une rapide incursion dans la région de la tête.

 

Avertissement

Dans les quelques exemples qui vont suivre, il faut comprendre que toute signification d’un geste ou d’une posture est une possibilité et non une certitude.

  • La position de la tête. Elle reflète souvent l’attitude d’un individu face à un événement, une situation ou autrui.
  • La tête droite à la verticale = l’assurance, le rationnel. Cette personne est fort probablement en mode analyse, elle n’est pas en mode émotion, ni empathique. Si, de plus, les muscles du cou et de la mâchoire sont contractés cela peut démontrer de la psychorigidité. Si votre interlocuteur positionne sa tête de cette façon, à vous de jouer avec stratégie pour faire en sorte que sa tête penche à gauche 
  • La tête penchée à gauche = l’empathie, l’émotion,       
  • la compréhension, la douceur, l’écoute et même dans certains contextes, la séduction (on est séduit ou on  veut séduire).
  • La tête penchée à droite = l’intransigeance, un certain repli et parfois même le désaccord.
  • Si toutefois vous inclinez votre tête à gauche et que celle de votre interlocuteur s’incline à droite et que lorsque vous inclinez votre tête à droite il incline la sienne à gauche, comme la photo du bas, c’est qu’il suit votre mouvement et est synchronisé avec vous, un peu comme dans une danse. Alors, le sens du message non verbal est tout à fait à l’opposé de l’intransigeance car l’autre vous suit dans votre discours et votre idée. C’est ce que nous appelons l’effet miroir (synchronisation non-verbale). Vous remarquerez que les amoureux sont souvent synchronisés. Observez-les lors d’un souper au restaurant!
  • La tête tournée vers la droite ou vers la gauche (même légèrement) en détournant le regard = ne veut pas voir la situation ou entendre les propos de sons vis-à-vis. Plus cette posture est marquée, plus elle indique un désintérêt ou une gêne selon le contexte.
  • La tête inclinée vers l’arrière = sentiment de supériorité, surtout si le regard est fixe. Soyez attentif lorsque vous adressez la parole à quelqu’un, s’il incline sa tête vers l’arrière (relève le menton), il y a de fortes probabilités qu’il ne vous apprécie pas ou qu’il soit très critique face à vos propos.
  • La tête inclinée vers l’avant = défi si le regard est soutenu en situation de colère ou l’inverse soit soumission si le regard est baissé. Un mélange des deux émotions est possible chez quelqu’un en colère, obligé de se soumettre.
  • De plus, dans l’exemple ci-haut, le modèle a les poings fermés et a la tête inclinée vers la droite, ce qui n’augure rien de bon.
  • Boire en penchant la tête (la tête se porte vers le verre) = Attitude de soumission ou de dissimulation, comme si la personne voulait se faire toute petite.
  • Tenir sa tête = s’ennuyer par désintérêt ou par fatigue. Si votre interlocuteur adopte cette attitude gestuelle, il serait temps de conclure la conversation ou de voir ce qui ne va pas.
  • Le poing au front, tête baissée = Deux possibilités : réflexion profonde intense avant de rendre une décision importante ou à l’opposé fermeture totale de l’esprit sur le monde extérieur par épuisement ou désaccord (si vous voyez quelqu’un poser ce geste, ne le dérangez surtout pas).

Bien sûr, ce ne sont que quelques exemples du langage corporel qui, je le réitère, est un élément important de la communication. J’espère néanmoins qu’ils sauront vous être utiles. Pour en savoir plus, consultez mon livre Le non-verbal qui parle fort publié aux Éditions Le dauphin Blanc. Il est disponible en librairie et dans les bibliothèques.

 

Réjean Labelle

www.rejeanlabelle.com


Au sujet de l’auteur

Réjean est détenteur d’un diplôme universitaire de premier cycle (BAC) en communication de l’Université du Québec et c’est un formateur agréé par Emploi-Québec. Ayant occupé des postes d’animateur radio, de journaliste et de directeur des ventes, il œuvre depuis plus de vingt cinq ans dans le domaine de la communication, du développement des affaires, de la motivation et de la gestion de personnes. Il est un générateur d’action et possède également un solide parcours de conférencier, d’intervenant et de formateur autant dans les organisations publiques que privées. Réjean est également chargé de cours à l’université Laval pour le cours Développer ses habiletés politiques dans le cadre du programme Gestion de changement dans les organisations. En novembre 2009, il publie le livre Le non verbal qui parle fort et un second livre en 2011, intitulé Les 5 choix qui déterminent notre vie  aux Éditions Quebecor. Un troisième livre est en écriture.